Quel développement de l’agriculture dans la vallée du Dropt, en lien avec l’irrigation ?
C’est la question que se sont posés deux étudiants d’Agroparis Tech sur notre territoire. Arrivés dans le cadre de leur stage de fin d’études en Mars 2024, Cécile Kraft et Ange Roudergue ont réalisé un diagnostic agraire de la vallée du Dropt entre Eymet et Monségur, dans le cadre d’un partenariat avec la chambre régionale d’agriculture. Cette étude leur a permis de se façonner une compréhension globale et systématique du territoire, de son agriculture et de ses évolutions.
L’analyse de ce diagnostic leur a également permis de comprendre de quelle manière l’irrigation a façonné l’agriculture actuelle de l’aval du bassin versant, et dans quelle mesure elle permet aux différents systèmes de production d’en tirer de la valeur ajoutée.
Le 28 Novembre 2024, les étudiants étaient de retour dans la vallée du Dropt, à la salle des fêtes de Monteton, où Epidropt a organisé la restitution de leur étude en présence du Président d’Epidropt, Monsieur Faresin.
Durant ce stage d’une durée de 6 mois, Cécile K. et Ange R . ont été accompagnés par leurs tuteurs de stage Frank Michel, chargé d’études économiques pour la chambre régionale d’agriculture et Sophie Devienne, professeure à l’UFR Agriculture comparée AgroParis Tech, ainsi que par l’ensemble de l’équipe du syndicat.
Le diagnostic agraire offre de nouveaux éléments de compréhension et d’analyse du territoire, en voici une partie :
D’Eymet à Monségur…
Contraints par la durée de leur stage de 6 mois, les deux étudiants ont délimité leur zone d’étude entre Eymet et Monségur. Dans cette zone, le territoire présente une occupation du sol et des paysages diversifiés, et s’étend sur les trois départements, ce qui permet à cette étude d’être globalement représentative de l’ensemble du bassin versant.
Histoire agraire : la vallée du Dropt entre le début de XXème siècle et aujourd’hui
Pour retracer l’évolution de l’agriculture de la première moitié du XXème siècle à nos jours sur la zone d’étude, Ange R et Cécile K. sont allés à la rencontre des agricultrices et agriculteurs retraités de la vallée. Au total, ce sont 38 enquêtes historiques qui ont été menées et complétées par une étude bibliographique et statistique.
Grâce à ces entretiens et à leur étude bibliographique, ils ont pu déterminer que le développement de l’irrigation s’est opéré à partir de l’après-guerre, débutant par l’aménagement de petites mares dans le fond de la vallée pour la culture du tabac et le maraîchage. Progressivement, ces mares sont devenues des retenues plus importantes, l’irrigation grandissant au fur et à mesure des progrès technologiques en matière d’équipement. La création des retenues de réalimentation en 1990 sécurise l’accès à la ressource en eau durant la période d’étiage, mais sur les plateaux, les exploitations éloignées des réseaux hydrographiques n’ont pas pu développer de cultures irriguées. En revanche, la viticulture s’y installe et permet aux agriculteurs de tirer un revenu sur des terres peu propices aux autres cultures de rentes.
Et aujourd’hui ?
Pour retracer l’évolution des exploitations et définir les systèmes de production actuels, 52 enquêtes technico-économiques ont été réalisées auprès d’agriculteurs et d’agricultrices, d’organismes agricoles ainsi que de nouvelles recherches bibliographique et statistique. Ainsi, 14 systèmes de production ont été modélisés:
- Petit maraichâge 100% irrigué
- Grandes cultures 45% irriguées
- Grandes cultures en agriculture biologique
- Vignes et grandes cultures
- Vaches allaitantes et grandes cultures
- Vaches laitières et grandes cultures
- Pruniers et grandes cultures irrigués
- Viticulture sans vinification (sec)
- Viticulture et vaches allaitantes (sec)
- Viticulture et pruniculture irriguée
- Viticulture, pruniculture et grandes cultures irriguées
- Vaches allaitantes, viticulture, pruniculture, et grandes cultures irriguées
- Noisetiers 100% irrigués
En définitive, les systèmes de productions ayant accès à l’irrigation valorisent l’eau différemment selon le volume auquel elles ont accès et les étages sur lesquels elles sont situées. Les exploitations ayant accès aux plus petits volumes d’eau les valorisent par la production de cultures à forte valeur ajoutée ou bien des cultures pérennes dans les hauteurs à partir de retenues collinaires.
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